L'elephant britannique qui a inspiré l'elephant americain de Gus Van Sant.
« Elephant » d’Alan Clarke est une compilation de dix-huit meurtres commis dans les rues de Belfast filmés froidement un peu à la manière d’un documentaire et séquencés selon un schéma répétitif. Chaque séquence représente un meurtre de manière factuelle, sans souci de narration ou de contextualisation, sans musique, ni commentaires, ni dialogues.
La caméra, subjective, colle aux basques du meurtrier mettant le spectateur dans la position d’un voyeur complice. Aucun motif, aucune explication ne sont fournis. Juste une série de meurtres, abstraits ; des hommes tuent d’autres hommes, de façon mécanique à la manière d’un jeu vidéo.
Alan Clarke aurait intitulé son film d'après l'image cynique du nez au milieu de la figure, « The elephant in the back of the room », cette chose énorme que l’on ferait mine de ne pas voir ; sous entendu : cette plaie béante qui gangrène l’Irlande et que tout le monde préfère ignorer.